Préserver l’écho d’une région

Publié le 12 oct. 2025

Source : CJAN 99.3

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Depuis plus de 50 ans, la station de radio CJAN 99,3 FM fait vibrer le cœur de la MRC des Sources, en Estrie. Après avoir été reprise par la Coopérative radio web média des Sources en 2019, ses dirigeants annonçaient à la mi-avril la dissolution de la coopérative et la revente de l’entreprise à son nouveau directeur général, Jonathan Cyrenne.

Après avoir tenté de relancer les opérations sous un modèle coopératif, les dirigeants de la station ont lancé la serviette, alors que la situation financière de l’entreprise continuait de se détériorer.

« On est dans une situation d’urgence », déclarait à Coopoint en début d’année Gilles Vachon, directeur de la programmation et président de la coop. Malgré une gestion rigoureuse, les revenus publicitaires de 2024 ont plongé, rendant la situation financière préoccupante.

«Si on gardait le statu quo, on s’en allait toujours en déclinant», déclarait Gilles Vachon au quotidien La Tribune en avril. Ce dernier déplorait que le statut coopératif n’offrait aucun avantage face aux compétiteurs comme Bell ou Cogeco. CJAN n’a pas non plus obtenu de subventions, malgré ses appuis au sein des municipalités.

Les dirigeants de la station ont également écarté le scénario d’une transformation en OSBL. Cette formule ayant été jugée trop risquée.

Après d’intenses représentations auprès des gouvernements supérieurs, qui n’ont pas donné de résultats, ils ont récemment embauché M. Cyrenne, dont le mandat est de relancer la station. Ce dernier s’est engagé à la racheter et à mettre l’emphase sur la diversification des revenus et le concept de « radio d’influence ».

Des sacrifices

Le modèle de la station reposait jusqu’à maintenant sur un petit noyau dévoué : quatre employés à temps plein et deux à temps partiel. Chaque membre contribue activement à maintenir la station en vie, souvent au prix de sacrifices financiers. « L’attrait de travailler chez nous, c’est l’autonomie, souligne M. Vachon. Il y a des avantages qui ne se calculent pas en argent. »

CJAN se distingue par sa programmation musicale et sa proximité avec la communauté. La station propose une variété de chansons populaires et de succès des décennies passées. Cette approche, combinée à des émissions ancrées dans la réalité locale, crée un lien d’intimité avec ses auditeurs. « Quand vous nous écoutez, vous savez que vous êtes à Val-des-Sources », affirme M. Vachon.

Petit territoire, grands défis

Le territoire couvert par la radio se situe au carrefour de Sherbrooke, Drummondville et Victoriaville. Au cœur de ce triangle, on trouve Val-des-Sources, d'où la station émet ses fréquences.

Anciennement connue sous le nom d’Asbestos, la ville a connu un regain économique dans les dernières années. Après la fermeture de sa mine d’amiante en 2012, le gouvernement provincial a investi 50 millions de dollars dans un fonds de diversification pour attirer et soutenir des entreprises de différents secteurs.

Lors du rachat de la station par ses employés, la région profitait encore de ces investissements. « Mais ce qui devait être un coup de circuit est retombé un peu à plat », explique M. Vachon. Les commerces locaux ont commencé à s’affaiblir.

La pandémie a exacerbé cette fragilité. Les commerces, disposant de moins de revenus, ont réduit leurs achats publicitaires, ce qui a créé un premier impact sur les revenus des stations locales. Pendant la crise, ces pertes ont été en partie compensées par les investissements publicitaires du gouvernement sur les ondes radio. Cependant, une fois cette aide terminée, les ventes publicitaires locales ne sont pas reparties à la hausse.

En 2024, plus de 95 % de leurs revenus dépendaient de la publicité. Le restant provenait de subventions à l’emploi et au stage. En comparaison avec l’année précédente, ces revenus publicitaires ont diminué de 17,82 %. « Pour être rentable, il nous faudrait un chiffre d'affaires de 750 000 dollars, et on n'y est pas », confie-t-il.

Seul face aux géants

« On est dans l’une des plus petites MRC au Québec », rappelle-t-il, ce qui présente des défis uniques.

La concurrence vient à la fois des radios environnantes, comme celles de Sherbrooke ou Victoriaville, qui débordent sur le territoire couvert par CJAN. Mais elle se joue aussi à l’échelle nationale : « Nous ne bénéficions pas d’une exclusivité locale et les grands groupes médiatiques exploitent ce débordement ». À cela s’ajoute la concurrence des géants numériques, comme Facebook, qui captent une part croissante des budgets publicitaires, au détriment des médias régionaux.

Malgré ces défis, la station continue de jouer un rôle vital pour la communauté. « Nous sommes le lien entre les municipalités et les citoyens », insiste Gilles Vachon.

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